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Sommaire
- 1 Une hypothèse électrosismique pour expliquer les lignes de Nazca
- 2 La civilisation Nazca aurait-elle mis au point des antennes antiques permettant de détecter les potentiels électriques des seismes ?
- 2.1 0. Les éléments qui plaident en faveur de cette hypothèse
- 2.2 1. La production d'électricité par les seismes
- 2.3 2. La géologie des lieux
- 2.4 3. Les civilisations préincas
- 2.5 4. La forme et l'organisation des géoglyphes
- 2.6 5. Conclusion?
Une hypothèse électrosismique pour expliquer les lignes de Nazca
Découverts en 1926 au Pérou, les géoglyphes de Nazca sont de grandes figures tracées sur le sol, souvent figuratives, parfois longues de plusieurs kilomètres qui se trouvent dans le désert. Le sol sur lequel ils se dessinent est couvert de cailloux que l'oxyde de fer a coloré en gris. En les ôtant, les Nazcas ont fait apparaître un sol gypseux plus clair, découpant les contours de leurs images.
Pour Giuseppe Orefici, (le chef de la seule mission archéologique autorisée à y travailler), les trois types différents de géoglypes ( spirales - animaux - lignes ou flèches) appartiennent à des époques bien différentes : "vers 500 av. J.-C. les Nazcas ont d'abord représenté des spirales et les premières figures d'oiseaux. Puis ils ont évolué vers des géoglyphes plus grands (représentant des oiseaux - félins - orques ...) qui constituaient le panthéon de leurs divinités. Après cette première période, ils érigèrent des villes".
Mais au cours du 4ème Siècle, deux catastrophes naturelles (tremblement de terre et gigantesque crue) ébranlèrent leur convictions et ils ensevelirent d'une couche de sable la ville de Cahuachi et la quittèrent. Ils furent ensuite assimilés par les Huaris, peuple andin.
L'interprétation de Giuseppe Orefici est culturelle et ethnique. les Nazcas adoraient les montagnes. La question est de savoir pourquoi ce peuple vénérait-il les animaux et la montagne ? Par ailleurs pourquoi auraient-ils eu ce réflexe aussi radical consistant à ensevelir eux-mêmes leur ville sous une couche de sable suite à un tremblement de terre ? Auraient-ils étaient trahis par les dieux ?
La civilisation Nazca aurait-elle mis au point des antennes antiques permettant de détecter les potentiels électriques des seismes ?
Des conducteurs de cuivre ou d'or auraient été étendus sur le terrain pour utiliser les potentiels électriques telluriques.
Les traces de Nazca aujourd'hui observées seraient en fait la marque de l'emplacement ou était déposé ces conducteurs, mais aussi des nombreux tests qui auraient été effectués afin de trouver les bonnes positions.
Voir ce lieu sur Google earth
Cela devait avoir un rôle :
- magique et rituélique : les géoglyphes représentant des animaux, symbole de la vie. L'électricité induite devenant le principe magique qui soutient cette vie,
- protecteur : la génération d'électricité par le biais des géoglyphes intervenant quelques heures voire jours *avant* la survenue d'un tremblement de terre.
Cela pourrait signifier que ce site ait servi à protéger la vie: il servait d'oracle permettant de communiquer avec les dieux de la montagne. Un tel culte semble en effet avoir été identifié: Johan Reinhard, qui avait détaillé diverses traditions antiques, avait une théorie selon laquelle les dieux de la montagne prennaient la forme d'aigles ou de condors, figures présentes sur le site.
0. Les éléments qui plaident en faveur de cette hypothèse
- ELECTRICITE
- Les figures bouclent sur elles-mêmes et forment des circuits non interrompus,
- Les figures, par leurs dessins, sont souvent constituées de longues lignes droites, principalement orientées en direction de l’arrête de la plaque de Nazca.
- Les figures doivent être suffisamment grandes pour générer un potentiel électrique important.
- Les traits pourraient avoir constitué des dipôles de longueur suffisante pour écouter les ondes sismques de très basse fréquence
- Les figures sont exactement sur l’axe de l’arrête de la plaque de Nazca et au-dessus de l’emplacement ou la plaque de Nazca s’enfonce dans le sol.
- La magnetite présente dans le sol devrait permettre aux ondes de mieux se propager jusque là
- ARCHEOLOGIE
- Les pierres sont dégagées de part et d’autre d’un étroit chemin qui était lui-même aplani. En raison de la nécessité de faire passer les conducteurs.
- La civilisation Nazca devait connaître le travail du cuivre et l'or. Il existe de fortes présomptions sur ce point.
- GEOLOGIE
- La zone dispose de grandes ressources de cuivre et d'or à ciel ouvert
- La plus grande mine de cuivre à ciel ouvert, se trouve plus au sud, en Argentine.
- La zone est très fortement sismique
- La zone dispose de grandes ressources de cuivre et d'or à ciel ouvert
1. La production d'électricité par les seismes
Historique
En 1989, une équipe de l'université de stanford espère mener une expérience d'écoute d'ondes de très basses fréquences (moins de 5Hz) dans les montagnes de Santa Cruz, au sud de San Francisco. Ceci en utilisant une antenne spécialement conçue.
Le 12 septemblre, ils remarquent un signal inhabituel, ayant une période comprise entre 5 et 20 secondes, et cela fut accompagné d'un bruit de fond fort le 5 octobre. Le 17 octobre le bruit de fond augmenta à 100 fois son niveau normal et trois heures plus tard c'est un seisme de magnitude 7.1 qui frappa Loma Prieta, dans la baie de San Francisco.
Cette expérience fortuite fut précurseur d'une nouvelle technique de detection et d’anticipation des seismes : l'écoute des Signaux Sismiques Electriques (SES: Seismic Electric Signals), allant de de 10-3 à 10^8 Hz.
Origine et caractéristique des SES
Les courants produits par les seismes pourraient avoir plusieurs causes:
- du gaz radioactif tel le radon serait libéré en excès quand le sous-sol commence à se déchirer, créant des courants électriques en surface,
- la compression des roches notamment cristallines (celles riches en quartz), engendrerait de la piezo-électricité,
- le passage de l'eau qui sous la pression traverse des matériaux poreux, serait également susceptible de générer des courants électriques intenses. Ce dernier phénomène est d'ailleurs utilisé aujourd'hui avec succès pour prévoir quelques années ou quelques mois à l'avance l'imminence d'une éruption volcanique, tel que le Piton de la Fournaise à l'île de la réunion ou le Mérapi en Indonésie.
Les ondes électromagnétiques produites ont une fréquence allant de quelques Hz à environ 3 KHz. Au delà, les ondes sont absorbées par la roche et quoiqu'il en soit sont grandement atténuées avant d'arriver en surface.
Aussi, quand la région sismique est profondément enfouie sous la terre, il existe une faible possibilité d’être capable de détecter les ondes électromagnétiques ayant des fréquences de plus de 3KHz.
Les ondes peuvent être détectées sur des positions proches de la surface de la terre et qui parfois peuvent être distantes des régions sismiques.
Expériences de détection en cours
- Les professeurs Varotsos, Alexopoulos et Nomicos, tous trois membres d'un groupe baptisé "VAN" et basé à l'université d'Athènes, mènent des expériences sur la détection des SES pour la prédiction des seismes. Ils pensent pouvoir prédire un seisme de magnitude 5 ou plus, quelques heures avant (dans le cas des répliques) à quelques semaines avant la détection du signal.
- Des français spécialistes de l'ionosphère, parmi lesquels Michel Parrot, ont mis au point une mission spatiale nommée Déméter ("Detection of Electro-Magnetic Emissions Transmitted from Earthquake Regions"). Ce micro-satellite en cours d'exploitation n'a pour l'instant pas apporté de résultat significatif.
La grande difficulté aujourd'hui est de pouvoir discriminer les signaux artificiels, émis par l'homme, des signaux naturels.
Il faut noter que les travaux sur les SES étant récents (années 80) ils restent assez discutés. Du reste, un membre de l'institut de Physique du Globe de Paris rapporte: "Les SES demeurent néanmoins un sujet de controverse. Il existe des indices vagues que les tremblements de terre pourraient etre précédés de signes précurseurs, en particulier électriques. Par contre, il n'en existe encore AUCUN exemple convaincant, malgré les efforts les plus bienveillants. Cela reste une hypothèse, intéressante, mais une hypothèse qu'il faut étudier sérieusement par des expériences, après avoir exclu d'autres explications qui n'ont rien à voir avec les séismes. Les SES observés en Grèce sont des exemples particulièrement mauvais qui ne font qu'accroitre la trop grande confusion."
Evaluation du courant induit par les seismes
Comme nous venons de le voir, il apparait difficile de détecter des SES. Outre le fait que ces signaux sont de très basse fréquence et nécessitent des récepteurs adaptés à ces longueurs d'ondes, (est-ce pour cela que les animaux seraient sensibles à la venue d'un seisme ?), ils ne peuvent pas non plus être observés pas partout sur terre: seulement dans des zones sismiques particulières. Cela dépend de la structure géo-électrique entre le lieu du séisme et l’emplacement où est situé la station de collecte (SES Station): il faut qu'elle puisse en effet laisser passer les signaux électriques.
- Exemple d'étude de la conductivité du sol:
Avant d'installer une station, une méthode dite « magnetotellurique » (MT) permet d’évaluer la conductivité de la croute dans la zone et sa sensitivité aux SES afin de choisir le bon emplacement de la station.
Et si la conductivité des roches est importante, la plupart des roches métamorphiques de la croûte terrestre sont la plupart du temps de bons isolants. A l'exception des minerais de sulfure qui sont relativement conducteurs, et le seul oxyde minéral qui montre une conductivité électronique appréciable est la magnétite (Fe3O4). [1]
- Or, le site de Nazca est également constitué de filons importants de magnetite.
Pour rappel:
- Ultra-Low Frequencies (ULF; moins de 5 Hz),
- Extremely-low Frequencies (ELF; de 5 Hz - 3 kHz), et
- Very-low Frequencies (VLF; de 3 - 30 kHz).
Principe de l'expérience
Dans le cadre de la méthode VAN, des changements de potentiels géoelectriques sont observés. A une station est reliée différents dipoles (un dipole jouant le role d'antenne) de longueurs variables (50 à 200 m) dans des directions privilégiées correspondant à celles du champ électrique. Quelques autres dipoles longs de 2 à 20 km sont également installés dans les directions appropriées. Ces dipoles sont constitués de fils et d'électrodes plantées dans le sol.
Nazca : longueurs d'ondes correspondantes
Courant induit collectable
2. La géologie des lieux
2.1. Une région géologiquement active
Une sismicité importante liée
Le fait de se situer sur la dorsale de la plaque de Nazca et d'être à la verticale de la zone de subduction entraine une sismicité importante. Le séisme du 15 Août 2007 à Lima [2]
Des seismes importants qui régulièrement anéantissent les constructions et créent des milliers de victimes.
fig1. Tectonique, dorsales et seismes
fig2. Répartition et magnitude des seismes les plus destructeurs au pérou (X sur Nazca)
Localisation du site, des géoglyphes.
2.2. Propice à la collecte des SES ? Conductivité électrique ?
Mesurer la résistivité du sol
Présence importante de magnetite
2.3. Répartition des mines d'or et de cuivre
La côte ouest de l'amérique centrale est très riche en métaux. Notamment du fait de la présence de la zone de subduction qui entraine la remontée par les volcans de minéraux variés.
Le cuivre, l'or et l'argent sont particulièrement présents dans la région. Il existe notamment une zone géologique riche datée du crétacée appellée "IOCG", un terme générique qui signifie "Iron Oxide-Copper-Gold".
Dans cette zone, à 35 kilomètres au sud-sud ouest de Nazca, se trouve la mine "Justa" en cours d'installation à côté de la mine Marcona. Elle semble devoir être la mine de cuivre la plus importante trouvée au cours de ces dix dernières années.
A noter enfin que ces mines sont souvent exploitées à ciel ouvert: elles ne nécessitent pas de galeries, les filons remontant en surface; ce qui est le cas pour la mine de Justa.
3. Les civilisations préincas
La maîtrise du cuivre et de l'or
La question chez les Nazca reste difficile à trancher en l'absence d'éléments. Dans le contexte de l'époque il apparait que cela ne soit pas du tout impossible : des feuilles d'or ont été retrouvées chez les Moche qui étaient installés à quelque 150 km au nord de Nazca, et qui vivaient à une époque contemporaine.
ressources:
- "Recent archaeological finds suggest that South Americans were obtaining gold from placer deposits and mining and smelting oxidized copper ores in central Peru about 1500 B.C"
- Caley [1953] a réalisé des études achéo-métallurgiques sur les indiens pré-inca "Moche" du Perou et montrait qu'ils fondaient le cuivre à partir du minerai de sulfide de cuivre dès l'année 200 ap JC.
- Shimada, Izumi, Stephen Epstein and Alan K. Craig; "Batán Grande: A Prehistoric Metallurgical Center in Peru,"
- Recent archeological fieldwork on the north coast of Peru permits a preliminary reconstruction of a prill-extraction copper and copper alloy smelting process heretofore undocumented in the New World. The process was applied on a large scale during the late pre-Hispanic period. This study provides strong support for the claim that central Andean metallurgy constituted one of the major independent metallurgical traditions of the world., Science, May 1982.
- R. L. Burger, R. B. Gordon [1998], "Des artefacts d'or et de cuivre datés en contexte au carbone-14 à 3120-3020 années avant le présent (~1410 à 1090 av JC) trouvés dans des excavation faites à Mina Perdida, Lurín Valley. Ils montrent que les artisans savaient transformer les métaux natifs en feuilles, parfois avec des recuits. Ils recouvraient des artefacts de cuivre par des feuilles d'or", Science, 6 Nov 1998. Article de l'université de Yale
4. La forme et l'organisation des géoglyphes
Les tracés correspondent à des zones déblayées:
Les tracés des animaux
Les tracés des lignes
Les centres des lignes
5. Conclusion?
Comment prouver cette hypothèse ? Peut-être en tentant de la tester directement sur place. Quoiqu'il y ait fort à parier que le sous-sol ait pu se déplacer et que, le cas échéant, les conditions de conductivité ne soient plus les mêmes.
Par Michael Vaillant, le 2 mai 2007.