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(Est-ce que Ben Bernanke a conscience de l'impact de ses paroles sur les marchés ?)
(A quel point l'action de Ben Bernanke est-elle planifiée?)
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Est-ce que Ben Bernanke a conscience de l'impact de ses paroles sur les marchés ? Très certainement. Et le cas échéant, les tenants et aboutissants sont connus d'avance.  
 
Est-ce que Ben Bernanke a conscience de l'impact de ses paroles sur les marchés ? Très certainement. Et le cas échéant, les tenants et aboutissants sont connus d'avance.  
  
Ce qui est plutôt inquiétant, c'est que cette annonce soit corrélée avec une augmentation notable des résultats dans la presse Internet concernant les mots clés : '''US, war, Iran'''
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Ce qui est plutôt inquiétant, c'est que son annonce soit corrélée avec une augmentation notable des résultats dans la presse Internet concernant les mots clés : '''US, war, Iran'''. Après le point rouge ci-dessous, ces derniers 15 jours:
  
 
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Version du 01:00, 29 juillet 2008

Quelques interrogations …

ben Bernanke, président actuel de la FED.

Depuis le 15 juillet nous assistons à une décrue massive du pétrole. Le déclenchement de cette décrue historique a été provoquée par la présentation d'un rapport au congrès lors d'un discours de Bernanke sur la politique monétaire. Bien sûr cet événement a été noyé au sein d’autres actualités économiques (comme la publication des stocks US). Pourtant, c’est bien durant les minutes pendant lesquelles le président de la FED s’exprimait, et au fur à mesure qu’il parlait, que le prix du brut chutait de façon spectaculaire.

Le discours de Ben Bernanke faisait état d'une situation plus sombre que prévue. Ainsi, ce mardi là, il avertissait que l'économie américaine faisait face à des "nombreuses difficultés (numerous difficulties)". Ou encore parlait d'une prévision de l'inflation "inhabituellement incertaine (unusually uncertain)". De plus, le discours de Ben Bernanke s'inscrivait à la suite du renflouement des deux géants garants du système hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac, à la fin de semaine précédente. Cela continuait donc à faire peser des craintes sur le système bancaire.

7/15/2008 10:00, Semiannual Monetary Policy Report to the Congress. Après les propos de Bernanke, le prix du baril de brut a chuté de 10 dollars à New York. Du jamais vu depuis 17 ans. On pourrait au passage gloser sur le fait que quelques petits malins avaient de toute évidence prévu cette chute puisque une décrue modérée a commencé deux heures avant le discours de 08:00 à 10:00 heure locale (ou 14:00 à 16:00 heure française) il perd 2$, avant que le prix ne s’effondre brusquement de 6,5$ de plus.

Les conséquences du discours de Ben Bernanke

Logiquement, le ralentissement économique américain a fait craindre aux investisseurs une baisse de la demande du premier pays consommateur mondial d'or noir, d'ou le désengagement massif. C'est du moins ce qui a été servi par les médias comme principale interprétation de la chute brutale du cours.

Pourtant :

  • jamais un discours d’un directeur de la FED n’avait provoqué un tel émoi,
  • le contenu du discours de Ben Bernanke n’évoquait rien qui soit particulièrement nouveau: déjà en juin, les menaces inflationnistes et la remontée des taux avaient été évoquées.

Et puis admettons que ce soit effectivement la conséquence d'une perte de confiance dans l'économie américaine, alors pourquoi depuis ce même discours, les jours qui ont suivi nous ont montré un reflux massif des capitaux vers les sociétés ? Banquières en tête (!)

  • La veille du discours de Bernanke, le 15/07/2008, le CAC 40 touche un plus bas depuis 3 ans (18/05/2005). Juste après, il s'ensuit 6 séances de hausse consécutive (+1.26%, +2.76%, +1.74%, 1.25%, 0.0%, 1.88%), soit de 4070 à 4408 points en 6 séances ! Le Dow Jones rebondit de 6% et les banques françaises s'apprécient de 18% sur la même période.

Est-ce bien logique ?

Allez comprendre ! Lorsque l’on vous annonce qu’une économie va mal plus mal que prévue allez vous investir de façon massive sur celle-ci ? En d’autres termes, faites-vous le pari qu’elle va aller bien ? D'autant plus que vous vous dégagez des investissements futurs en pétrole pour cette raison ? Cela parait aberrant.

Aussi, n’y a-t-il pas une autre raison spéculative, un signal envoyé pour qui sait l’interpréter au travers du discours de Ben Bernanke ? Il me semble légitime d’essayer de comprendre.

Comment fonctionne la spéculation ?

De manière générale la spéculation fonctionne grâce aux effets de yoyo, ou aux vagues pour prendre la parabole du surfeur. Son principe est simple, il consiste à parier sur la montée (ou sur la baisse des prix). Lorsqu’une denrée est indispensable un trader/surfeur peut miser dessus sans vergogne sachant que la vague qui va l’emporter va finir tôt ou tard par l’emporter. C’est le cas par exemple du pétrole. Néanmoins une spéculation "efficace" nécessite une connaissance fine de la tendance: un surfeur aguerri, va se placer à l’endroit où la vague va se former. Et essayera de lâcher sa vague au plus haut (revendre) pour reprendre la vague suivante au plus bas, (ou inversement, puisque il est aussi possible de spéculer à la baisse). Donc, ce qui est intéressant dans la spéculation, ce n’est pas finalement de parier sur une simple tendance et d’attendre des mois que « cela se passe », mais bien au contraire de "jouer" finement sur les vagues ce qui crée un "effet de levier" et augmente les gains potentiels.

En spéculant sur chacune des vagues, un trader peut ici espérer augmenter d'au moins 50% ses gains.

Soit…

Peut-être faut-il rappeler en quelques mots ce qui fait et défait le prix du pétrole. Ses principaux attenants sont:

A long terme (>1 an):

  • L’épuisement de la ressource,

A moyen terme (de 3 mois à un an):

  • Les taux d’intérêts futurs des USA (ils devraient finalement remonter pour lutter contre l’inflation, rendant un billet vert plus fort à l’achat, et des contrats sur le pétrole également plus chers),
  • la faiblesse/force de l'économie américaine, (le pétrole devient une valeur refuge à la place du dollar),
  • Les cycles saisonniers,

A court terme (de 1 à 3 mois) :

  • Les « incidents » dans les différents pays producteurs, (menaces sur les centres de production: guerillas, météo, etc.)
  • L’état des stocks mensuels.

Mais au-delà de tout cela, il y a un sous-jacent fondamental : la géopolitique et le contrôle de la ressource. En l'occurence, les relations avec l’Iran attisent depuis plusieurs mois déjà les tensions sur le marché du pétrole. Si cette tension est déjà présente et prise en compte par les marchés, (jusqu'à la décrue récente), une guerre ouverte pourrait effectivement être susceptible de créer un mouvement haussier de plusieurs dizaines de dollars. Or cette perspective semble toujours dans l'air du temps, d'autant plus que rappelez-vous google suggest évoquait lui-même récemment cette inquiétude (07/2008): war with iran ... for oil.

J'estime (peut-être maladroitement) à environ 20$ la partie représentée par la spéculation sur les prix du pétrole.

Ainsi, le signal envoyé par Bernanke serait au choix le suivant :

  • (1) « C’est la fin du jeu, rangez vos planches et allez jouer ailleurs !» (=> les spéculateurs se retirent, jusqu'à moyen terme)

Soit :

  • (2) « Attention ! La "big one" arrive ! » (=> les spéculateurs se retirent pour prendre la vague: stand-by à court terme)

Difficile de dire dans quelle situation nous nous trouvons. Quoiqu’il en soit Bernanke a envoyé un signal fort aux yeux de certains. Mais, comment discriminer ?

A quel point l'action de Ben Bernanke est-elle planifiée?

Est-ce que Ben Bernanke a conscience de l'impact de ses paroles sur les marchés ? Très certainement. Et le cas échéant, les tenants et aboutissants sont connus d'avance.

Ce qui est plutôt inquiétant, c'est que son annonce soit corrélée avec une augmentation notable des résultats dans la presse Internet concernant les mots clés : US, war, Iran. Après le point rouge ci-dessous, ces derniers 15 jours:

La recherche sur google news des mots clés US, war, Iran montre une accélération notable du nombre de résultats depuis le 15 juillet. La méthode d'élaboration de ces résultats est expliquée dans un autre article.

Simplement, jusqu'à quel point cela peut-être planifié ? Il serait extrêmement cynique que de considérer qu'un message préalable notifiant la guerre a effectivement été envoyé aux marchés financiers, (à ceux qui peuvent comprendre), à toutes fins utiles pour les préparer.

Je m’interroge d’autant plus que parallèlement les Etats Unis semblent préparer leur position diplomatique en faisant bonne figure: l'envoi corrélé du numéro trois de la diplomatie américaine à la table des négociations à Genève: la preuve que tout aura été fait…

[two weeks]

Enfin, dernière question que je me pose au vu de cela est : quelles sont les relations de proximité de Bernanke, quels sont ses amis et quel est le réseau qui l’influence ?